lundi 21 janvier 2008

Robert Adams et Lee Bull à la fondation Cartier

Ancien professeur de littérature anglaise à l’université, l’américain Robert Adams se convertit à la photographie en 1967. Les images composant les trois séries présentées à la Fondation Cartier ont été prises entre 1990 et 2003 et ont une valeur de témoignage environnemental. En effet, l’artiste explique, dans une vidéo fort intéressante montrée dans l’exposition, que ses photographies ont pour rôle de fixer un paysage à un moment donné ; elles permettent également de montrer les crimes contre la nature qui ont lieu dans l’arrière-pays de la côte ouest américaine.

Robert Adams habite dans l’Oregon, au bord de l’Océan Pacifique. Animé par l’amour de cette terre, il a entrepris de photographier inlassablement, les deux types de paysages entre lesquels il habite 
: à l’Ouest, l’Océan Pacifique, à l’Est, l’une des plus belles forêts pluviales du monde…massacrée ! D’un côté, l’immensité de l’océan et sa beauté en mouvement, inexorable, de l’autre, le chaos et la destruction au service d’une économie de marché sans foi ni loi.Les images ont ainsi une véritable valeur documentaire qui s’ajoute à leur valeur esthétique rappelant quelque peu les photographies de paysage du 19e siècle.

Le photographe mène à bien sa « mission » de manière systématique et austère (je n’emploie pas ici le terme dans un sens péjoratif) : les photographies, en noir et blanc, sont toutes présentées dans le même format moyen, encadrées, très sobrement, de la même manière. Seule la couleur des baguettes du cadre peut varier d’une série à l’autre, du blanc au gris. L’aspect sériel est également renforcé par l’accrochage : toutes les images sont présentées les unes à côté des autres avec une hauteur et un espacement standards. Il en résulte que le travail prend toute sa force et sa valeur dans sa globalité. Une photographie de l’océan, seule, sortie de son contexte, perdrait alors de sa force, aussi belle soit-elle.

Les paysages qui nous sont donnés à voir convoquent de grands sentiments : beauté, sublime, immensité d’un côté ; révolte, tristesse et désolation de l’autre. On peut les qualifier de sauvages soit parce qu’ils semblent hostiles à l’homme en raison de la force qui en émane – c’est le cas de l’océan – soit parce que l’homme les a sauvagement déchiqueté…
Quoi qu’il en soit ces images interrogent sur la place de l’homme dans la nature, l’humilité et le respect dont il devrait faire preuve et le rôle qu’il peut jouer pour la préserver. Le sujet est d’actualité !! mais quoi de plus efficace qu’un travail artistique comme celui-ci pour nous sensibiliser et nous faire réfléchir.


Au rez-de-chaussée, l’artiste coréenne Lee Bull expose une douzaine de sculptures ou installations. Outre son nom, qui semble tout droit sorti d’un conte pour enfants, les sculptures en perles, acier, filets et chaînettes, dont la forme rappelle parfois celle d’un lustre, nous transportent dans un monde fantasmagorique. Structures complexes, aux dimensions parfois imposantes mais gardant leur légèreté visuelle grâce aux milles transparences qui les composent, elles m’ont fait penser à des vaisseaux qui nous emmèneraient dans un voyage onirique. Les structures se reflètent dans le sol-miroir puis, le jeu de transparence se poursuit en faisant écho à l’architecture de verre édifiée par Jean Nouvel puisque l’installation se prolonge à l’extérieur où l’on aperçoit d’autres sculptures plus légères et dont la transparence est telle qu’elles sont presque invisibles.

5 commentaires:

MaximusDebilus a dit…

Alors, le voilà enfin ce fameux blog !
Et bien, je trouve que c'est plutôt un bon début. Il y a 2 articles sur 3 qui me donnent envie d'aller visiter l'expo. En tout cas, j'espère que ça me motivera pour aller plus souvent dans les musées !!
Il reste maintenant à le faire vivre : Marie, la rédactrice en chef, à toi d'ajouter régulièrement des articles et nous, simples lecteurs, nous nous efforcerons de laisser plein de commentaires passionnés.
A suivre...

Anonyme a dit…

Merci Mariefolldart. C'est le début de lectures enrichissantes. Bravo! Signé les foudart (spencer et sabine)

Anonyme a dit…

bonjour Madame Folledart,
Tout d'abord je te remercie pour cette belle initiative.
Pour ma part je vois le travail de Robert Adams plutôt comme la démonstration d'une dualité incontrôlable, dans ses photographies règne une sorte d'animosité due à la modernité (économique), une perte de contrôle totale de l'homme cherchant insatiablement à vouloir contrôler ce qu'il ne peut maîtriser ... On peut alors assister à une sorte de confrontation entre la nature indomptable et le côté plutôt sauvage de l'homme, ou chacun délimite son territoire quoique l'homme semble plutôt s'imposer radicalement. Ce que je trouve intéressant dans ses travaux, c'est que l'homme n'est pas directement présent dans ces photographies (d'après ce que j'ai pu voir sur le site de la fondation Cartier) mais sa trace est d'autant plus forte qu'il s'impose dans le paysage grâce à de forts "indices" qui ne laissent en aucun cas penser à une quelconque catastrophe naturelle.
Ceci dit quand je regarde ses photographies on ne peut voir ni vainqueur ni vaincu mais seulement envisager une triste fin...

Questions:
-De quelle manière les photographies sont-elles accrochées? (nature face à l'homme...ou...)
-Y aura-t-il des articles sur des centres d'expositions plus provinciaux? (Annecy, Genêve, Lyon, Grenoble...)
-Qui suis-je? (d'après les indices ci-dessus o_O)

En tout cas merci encore ...
A bientôt.

marie folledart a dit…

Merci Keebird pour ton commentaire intéressant et je crois t'avoir reconnu. Ton prénom commencerait-il par un F ?
Pour répondre à ta question : il n'est pas exclu que je fasse des articles sur des expositions qui se tiennent en province, notamment dans les centres d'art, cela dépendra de mes possibilités de déplacement!
Pour ce qui est de l'accrochage, les photographies sont alignées et regroupées par séries : "West from Columbia" et "Time Passes" (1990-1992) correspondent au vues de l'océan, tandis que "Turning Back" est la série montrant la forêt dévastée. Mais les vues de l'Est et celles de l'Ouest dialoguent dans la pièce principale où elles se font face.

Anonyme a dit…
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