mercredi 4 juin 2008

La collection de Pont à l'Institut Néerlandais

Peu de monde, du calme, un endroit vaste derrière l'Assemblée Nationale : telles sont les conditions qu'offre l'Institut Néerlandais au visiteur venu découvrir les morceaux choisis de la collection du juriste et homme d'affaire J.H. de Pont. Outre certaines œuvres peu esthétiques ou qui ne m'ont pas paru intéressantes, comme les peintures de Reinoud Van Vught ou Anton Henning ou encore la sculpture en aluminium poli de Thomas Schütte dans le hall d'entrée, le lieu abrite un certain nombre d'œuvres de très bonne qualité.

À l'étage, j'ai évidemment été marquée par l'installation de Boltanski intitulée Les concessions. Dans une salle sombre, une multitude de carrés de tissu noir recouvrent les murs. Un ventilateur fixé au plafond remue l'air et fait se soulever légèrement les tissus noirs ce qui permet au spectateur de se rendre compte que des images sont dissimulées. Pour mieux voir, celui-ci va finalement soulever manuellement l'un ou l'autre tissu et découvre des photos de cadavres très crues. Non seulement l'artiste crée un univers macabre, mais il fait participer le spectateur qui ne tarde pas à se sentir mal à l'aise puisqu'il agit mais subit en même temps. Cette installation, comme souvent les œuvres de Boltanski, est émotionnellement violente et je m'étonne qu'aucune indication préventive ne soit donnée au visiteur…

Plus que son champ de pavot, j'ai apprécié les papiers délicats et sobres de Roxy Pane. Deux œuvres de Gerhard Richter intitulées Moritz 863-1 et Moritz 863-2 traitent, toujours avec éloquence, du rapport entre la peinture et la photographie. Enfin, les peintures de Thierry de Cordier m'ont plu, tant par leur traitement à la fois classique et moderne, figuratif et abstrait, que par ce qu'elles expriment : une vision fantomatique de la réalité.




Au sous-sol, la série The first people de Marlène Dumas peut à nouveau ébranler la sensibilité du spectateur. Il s'agit de quatre panneaux d'1 mètre 80 chacun représentant des nouveaux-nés de face et dans des couleurs violentes. Vulgarité provocante ou mise en tension du regard, je n'ai pas cherché à savoir et suis plutôt allée admirer l'installation vidéo de Bill Viola : Catherine's room


Cinq écrans disposés côte à côte tels les prédelles des polyptiques du Moyen-âge, montrent la même pièce à différentes heures de la journée et différentes saisons, avec la même femme qui se meut très lentement, occupée chaque fois à une activité différente : coudre, faire son lit… Les images, à l'esthétique picturale classique et au rythme lent et silencieux, invitent à la méditation. Chacun peut y voir toutes sortes d'allégories : de la vie, de la condition humaine, de l'écoulement du temps…. Je serais restée des heures à cette contemplation !

Dans les salles suivantes, j'ai encore apprécié : les dessins poétiques ainsi qu'une sculpture de Penone, un ensemble de dessins de Jean-Michel Alberola, des photographies en noir & blanc du photographe allemand Lothar Baumgarten ou enfin le dispositif photographique de Jeff Wall précisément intitulé Adrian Walker, artist, drawing from a specimen in a laboratory in the department of anatomy at the University of British Columbia !

Cette exposition comporte donc de très beaux morceaux dont on ne perd pas une miette puisqu'avec le ticket d'entrée, on reçoit gracieusement un véritable petit catalogue d'exposition au contenu clair et intéressant.