lundi 14 janvier 2008

Alberto Giacometti au Centre Pompidou

La scénographie de l’exposition, souvent critiquée, présente cependant l’avantage d’offrir des espaces ouverts les uns sur les autres grâce à des parois basses, ce qui permet au visiteur de circuler agréablement et d’avoir une vision d’ensemble.

Les œuvres présentées appartiennent pour la plupart à la Fondation Alberto et Annette Giacometti qui nous propose des peintures de jeunesse, des sculptures des différentes périodes, des photographies de l’artiste, des travaux décoratifs, des peintures et dessins de la maturité pour terminer – choix étonnant – avec des dessins de copie des maîtres, exercice auquel Giacometti s’adonne tout au long de sa vie.

Il est à noter que, parmi les sculptures, de nombreux plâtres sont présentés. Mais il aurait été intéressant que le spectateur ait un commentaire technique sur la manière dont se conçoit une sculpture et les différents stades et états par lesquels elle passe pour finalement être coulée en bronze (ou pas !). En effet, le travail technique qui mène à la sculpture de bronze est complexe, diversifié, et rares sont les occasions pour le public de recevoir un éclairage sur ces questions : le visiteur reste donc dans un flou qui donne parfois lieu à des suppositions de toutes sortes comme j’ai pu le constater lors de ma visite !

Celles que j’appelle les ‘peintures grises’, telle la série représentant son ami japonais Yanaihara, témoignent de sa liberté créative. Le pinceau, utilisé comme un crayon ou une plume vient accentuer ça et là les lignes de forces qui font la structure du modèle et ravive sa présence quasi fantomatique semblant enfouie dans les couches de peinture beige ou grise.
La grande liberté du geste se retrouve dans les figures modelées où les doigts de l’artiste laissent leur empreinte vigoureuse à tous les stades par lesquels passe la sculpture. En regardant de près la matière semble être un paysage escarpé et tourmenté, mais dans une vision d’ensemble, cette vibration de la matière laisse transparaître l’énergie ‘maîtrisée’ de l’artiste.

A travers les dessins on sent le regard propre au sculpteur : le corps ou le visage humains sont perçus à partir de leur architecture interne, les plans sont structurés et malgré le geste libre, laissant aller le crayon sur la feuille, il cherche l’essentiel. Toute anecdote est évincée.
Il semble rechercher une vérité simplifiée en réduisant le volume au trait dans la sculpture (silhouettes filiformes) comme dans la peinture (traitement quasi squelettique des corps), où il n’emploie d’ailleurs qu’une palette chromatique très restreinte. Il en résulte une vision désincarnée de la figure humaine, pourtant ancrée dans la terre par des socles massifs pour ce qui concerne certaines sculptures filiformes.

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